Suite à la défaite de Waterloo, Napoléon Ier, empereur des Français abdique le 22 juin 1815. Il nomme son fils, alors âgé de quatre ans à peine, comme successeur au trône impérial en vertu de l’article 3 du senatus-consulte du 28 floréal an XII (constitution du 18 mai 1804).
« Français ! en commençant la guerre pour soutenir l’indépendance nationale, je comptais sur la réunion de tous les efforts, de toutes les volontés, et le concours de toutes les autorités nationales. J’étais fondé à en espérer le succès, et j’avais bravé toutes les déclarations des puissances contre moi. Les circonstances paraissent changées. Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France. Puissent-ils être sincères dans leurs déclarations, et n’en avoir jamais voulu qu’à ma personne !
Ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils sous le titre de Napoléon II, empereur des Français. Les ministres actuels formeront provisoirement le conseil de gouvernement. L’intérêt que je porte à mon fils m’engage à inviter les chambres à organiser sans délai la régence par une loi. Unissez-vous tous pour le salut public et pour rester une nation indépendante. » (Au palais de l’Elysée, le 22 juin 1815. Déclaration de Napoléon Ier au peuple français).
Napoléon II, réfugié auprès de sa mère, Marie-Louise, en Autriche-Hongrie, hérite alors sans le savoir d’un empire en délabrement. Napoléon Ier espère que le parlement respectera la constitution du 1804, mais devant l’avancée des troupes de la septième coalition (Russie, Prusse, Angleterre, Autriche et Suède), les députés refusent de reconnaître la succession impériale. Après d’âpres débats entre les derniers bonapartistes, les républicains et les royalistes, le parlement et la commission exécutive chargée de gouverner au nom de Napoléon II finissent par se soumettre au retour de Louis XVIII. Le 8 juillet, le roi restauré fait un retour sans triomphe à Paris alors que la veille, la commission se séparait définitivement constatant l’occupation de Paris et de la France par 1,2 millions de soldats étrangers.
Dans une lettre à Wellington, vainqueur de Waterloo, Joseph Fouché, ancien ministre de la police de Napoléon et président de la commission de gouvernement tâchera d’acheter l‘apaisement avec l’Angleterre :
« La République nous a fait connaître l’excès de la liberté, l’Empire, l’excès du despotisme. Notre vœu aujourd’hui (et il est immuable) est de nous tenir à une égale distance de ces deux excès. […] Dès que le traité sera signé du prince appelé à régner sur nous, le souverain recevra le sceptre et la couronne des mains de la nation »
Napoléon II ne régna donc que 20 jours sur la France à travers une commission exécutive chargée de gouverner en son nom. Le « petit » roi de Rome, Duc de Reichstadt connaîtra une vie à l’image de cette succession… sans grandeur, ni pouvoir. Sur son lit de mort, il dira, selon les mots qu’on lui prête : « Ma naissance et ma mort, voilà toute mon histoire. Entre mon berceau et ma tombe, il y a un grand zéro ».
Pourtant, lors des révolutions européennes de 1830, Belges et Polonais appelleront tour à tour l’Aiglon à prendre les rênes de leur destinée nationale respective… des espérances rapidement douchées par les puissances européennes résolues à ne plus entendre parler de la dynastie-usurpatrice des Bonaparte.
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L’orchestre symphonique de Montréal mené par son chef, Kent Nagano, donnera trois représentations spéciales de l’opéra L’aiglon : le fils de Napoléon. Cette œuvre, adaptation d’une pièce de théâtre de 1900 et d’un opéra de 1937 avait quasiment disparu du répertoire. L’OSM innove et fait revivre en musique, le temps d’une semaine, la tragédie du destin du fils de Napoléon Bonaparte.
Les représentations auront lieu les 17, 19 et 21 mars 2015 à la maison symphonique.
Pour plus d’informations : http://www.osm.ca/fr/concert/laiglon-le-fils-de-napoleon