En rafale

Athènes contre Bruxelles : Une victoire à la Pyrrhus pour Tsipras

Un accord préliminaire  trop exigeant : retour à la gunboat diplomacy

Si la proposition de Grexit n’est plus présente dans le document dévoilé cette nuit par les leaders de la zone euro, l’Allemagne a clairement imposé ses conditions à la Grèce et aux autres créanciers en mettant la Grèce de facto sous tutelle de l’UE.

La quantité et la profondeur des réformes réclamées seraient techniquement impossibles à adopter en 2 jours dans n’importe quel parlement démocratique. Les députés grecs devront pourtant le faire d’ici mercredi 15 juillet.

À cela s’ajoute le transfert  de 50 mds d’euros d’actifs à un fonds indépendant basé en Grèce et supervisé par l’Europe dont les trois quarts seront utilisés pour recapitaliser les banques du pays et réduire la dette.

Rien n’est encore gagné :

En Grèce; les députés devront se prononcer d’ici mercredi sur l’essentiel de l’accord préliminaire négocié à Bruxelles par Tsipras devant les leaders de l’Eurozone. Rien n’indique que ce programme d’austérité soit automatiquement adopté.

La colère populaire, le désaveu idéologique de Tsipras, la tromperie du referendum et l’effritement de sa coalition et de son parti complexifieront l’adoption et l’implémentation des réformes, toutes deux jugées décisives par l’UE. Si Tsipras perdait sa majorité (comme cela s’est confirmé vendredi dernier), il serait obligé de former un gouvernement d’union nationale temporaire jusqu’à l’organisation d’élections législatives précipitées avant décembre 2015.

Les tensions au sein de Syriza se sont d’ailleurs accentuées depuis l’annonce de l’accord préliminaire. Tsipras tient en ce moment même une réunion d’urgence de son caucus pour établir la ligne à suivre.

 En Europe; d’ici la fin de la semaine, et après l’adoption des réformes exigées par Bruxelles à Athènes, les États membres de la zone euro devront approuver l’ouverture de négociations. Plusieurs pays dont l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande (3 pays partisans de la ligne dure ou d’un Grexit) devront faire approuver l’ouverture de négociations par leur parlement.

Athènes contre Bruxelles : Une victoire à la Pyrrhus pour Tsipras

Les coûts d’un maintien de la Grèce dans la zone euro sont si élevés pour Athènes qu’il devient difficile de penser qu’une défaite (un Grexit) n’aurait pas coûté moins cher à la Grèce qui perd une large partie de sa souveraineté et ressort totalement humiliée par les conditions de ses partenaires-créanciers. En remportant cette bataille, Tsipras pourrait très bien perdre l’appui de sa majorité car il rentre les mains vides, sans accord final, seulement avec une proposition conditionnelle à l’adoption d’exigeants prérequis.

Pour l’histoire, Pyrrhus meurt après avoir été assommé par une tuile jetée par une vieille femme alors qu’il tente de conquérir la ville d’Argos. La colère du peuple grec et sa capacité à tolérer l’intolérable pourrait très bien être la plus grande « tuile » de Tsipras à son retour à Athènes.

 

Rappels des faits saillants du 12 juillet 2015

  • Les chefs d’États et de gouvernements de la zone euro sont parvenus à un accord préliminaire définissant les prérequis nécessaires à remplir par la Grèce avant l’ouverture de négociations sur un 3e plan d’aide. (déclaration en pièce jointe).
  • L’Eurogroupe est réuni en ce moment même à Bruxelles pour trouver des solutions transitoires afin de permettre à Athènes de demeurer solvable d’ici l’ouverture conditionnelle des négociations sur un 3e plan d’aide.
  • Les besoins de financement (estimés entre 82 et 86 mds d’euros) seront discutés en urgence après l’adoption de l’accord préliminaire par le parlement grec et de réformes jugées « prioritaires ».
    • La Grèce adoptera d’ici le 15 juillet des mesures de simplification de la TVA et en élargira l’assiette, réduira les retraites et l’institut de la statistique ELSTAT deviendra indépendant.
    • * La Grèce réformera d’ici le 22 juillet son système judiciaire civilet mettra en œuvre les règles de l’Union monétaire sur le renflouement des banques hors appel aux finances publiques (« bail-in rules »).
    • De nombreuses autres réformes devront être adoptées par la suite (travail le dimanche, retraites, privatisation, droit de grève, licenciements, renforcement du secteur financier, réduire le coût de la fonction publique…
  • Mise sous tutelle: Toutes les grandes réformes devront obtenir l’accord des créanciers
  • Les banques grecques fermées jusqu’à jeudi… au moins.

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