La Ligue des États arabes (ou Ligue arabe) est une organisation régionale qui siège au Caire en permanence depuis son inauguration en 1945. Elle compte aujourd’hui 22 États-membres liés entre eux essentiellement par (outre leur proximité géographique) la culture, la langue arabe et la religion musulmane.[1] La Ligue détient le statut d’« observateur » auprès de l’ONU, lui permettant notamment d’assister aux réunions onusiennes, d’accéder à ses documents officiels et de saisir une juridiction d’institutions telles que la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale.[2]
En 2011, la Ligue procède à l’exclusion temporaire de la Syrie lorsque le régime néglige d’honorer les accords négociés pour stopper la répression violente des manifestants, qui dégénèrera en guerre civile.[3] L’Égypte figure parmi les 18 États-membres qui endossent la décision, pour un vote frisant l’unanimité.[4] Les réactions sont mitigées sur la scène internationale: le New York Times remarque que le soutien de cette décision, notamment de l’Égypte et de l’Arabie saoudite, marque une rupture avec l’ancienne formule de la Ligue « lorsqu’il s’agissait encore d’un club de dictateurs » qui « mettait un frein aux projets activistes ».[5]Les gouvernements arabes entrevoient dans cette décision, selon les analystes, l’opportunité de paraître « démocratiques, proactifs et revendicateurs des droits de la personne puisqu’ils vivent des situations si tendues à l’intérieur de leurs propres frontières » et optent donc pour une démarche conforme à l’opinion populaire.[6]Lors du sommet de la Ligue arabe de 2013, le président de la Coalition nationale syrienne, Moaz al-Khatib, reprend le siège syrien au nom de l’opposition sous un tonnerre d’applaudissements; dans les médias, des représentants du régime dénoncent ce grand « vol » commis par les « traîtres » qui constituent la Ligue arabe.[7]
C’est l’Égypte qui, à l’occasion du sommet de 2015, propose une piste de solution pour combattre ce qu’ils n’ont pas hésité d’appeler les « groupes terroristes », soit la formation d’une force militaire arabe unie.[8] Ce projet est présenté par le président Al-Sissi comme moyen de répondre aux menaces à la sécurité qui se font de plus en plus nombreuses du Yémen jusqu’en Libye, puis comme précaution face à l’enjeu des guerres par procuration sectaires dans lesquelles jouent des puissances régionales comme l’Arabie saoudite et l’Iran.[9] Suite à la création d’une coalition arabe entre 10 États-membres menée par l’Arabie saoudite dans le but de faire reculer les combattants houthis (groupe armé chiite, allié de l’Iran) au Yémen, la Ligue décide officiellement que les mesures nécessaires seront prises afin de monter cette force militaire unie.[10]C’est un projet ambitieux, mais avec la montée de l’État islamique et la crise en Syrie, les gouvernements arabes sunnites sont conscients de l’ampleur de la crise et de la possibilité de se retrouver sous le contrôle des radicaux djihadistes. Ils réalisent donc qu’ils ne peuvent plus se fier sur l’intervention américaine pour défendre leurs intérêts.[11]
L’éventuelle résolution du conflit syrien ne peut être envisagée sans une forme de coopération des États du Moyen-Orient. Comme mentionné plus haut, plusieurs instituions arabes sont mises en place pour éléments de dialogues, or aucune d’entre elles ne possède la prépondérance et la notoriété de la Ligue Arabe. Et donc au lieu de créer coalition après coalition, l’Égypte a proposé, le 29 mars passé, l’union de la Ligue Arabe pour former une coalition armée anti-terroriste.[12] Une éventuelle résolution de la crise syrienne se ferait avec une méthode boots on the ground avec la coopération des grands États arabes, dont l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Liban, l’Égypte etc. De par cette coalition, l’Égypte souhaite que les membres mettent de côté leurs différends et cessent leur guerre par proxy pour s’unir et combattre l’ennemi commun. De plus, la coalition serait prête à travailler avec d’autre coalitions et apporter son expertise en matière du monde arabe afin d’affiner les techniques armées.
Débouchés de la coalition
L’Égypte souhaite que l’union des pays arabes pour la coalition armée encouragera la Ligue Arabe et d’autres pays à continuer leur partenariat pour contrer la crise Syrienne. De par cela, l’Égypte souhaite créer un fond monétaire auquel les pays arabes contribueraient afin d’aider les pays arabes touchés par la crise des migrants et pour financer les services sociaux offerts aux migrants pour mieux les intégrer dans leurs sociétés d’accueil. L’Union des pays arabes pourra être un vecteur de stabilité au sein des pays arabes et inciter les pays du Moyen-Orient à en faire ainsi.
En conclusion, la Ligue des États arabes, dont l’Égypte, soutient de nombreux projets afin de mettre fin à la crise syrienne, les deux principaux étant une coalition entre les pays de la ligue afin de former une armée anti-terroriste puissante et un fond monétaire pour subventionner les pays touchés par les douleurs de la guerre. Ils sont conscients que la coordination et l’harmonie seront difficiles à atteindre en raison de certaines tensions qui existent déjà entre les pays. Malgré cela, la situation alarmante est une raison motivante de mettre leurs différences de côté, l’Égypte est prête à coopérer.
Par Meagan O’Farrell, Laurence Tétreault-Falsafi et Erika de Rose
étudiantes en études internationales au Collège Jean-de-Brébeuf
Bibliographie
Assouline, G. (30 novembre 2012). « Qu’est-ce que le statut d’État observateur de l’ONU ? ». Le Figaro. En ligne. <http://www.lefigaro.fr/international/2012/11/30/01003-20121130ARTFIG00279-qu-est-ce-que-le-statut-d-etat-observateur-de-l-onu.php>.Consulté le 20 mars 2016.
Batty, D. et Shenker, J. (2011). « Syria suspended from Arab League ». The Guardian. En ligne.<http://www.theguardian.com/world/2011/nov/12/syria-suspended-arab-league>.
Consulté le 22 mars 2016.
Gladstone, R. (26 mars 2013). « Syrian Opposition Joins Meeting of Arab League ». The New York Times. En ligne.<http://www.nytimes.com/2013/03/27/world/middleeast/syrian-opposition-group-takes-seat-at-arab-league.html?_r=0>.
Consulté le 22 mars 2016.
Ibish, Hussein. (5 mai 2015).« A United Army for the Arab World? ».The New York Times. En ligne. <http://www.nytimes.com/2015/05/04/opinion/a-united-army-for-the-arab-world.html?rref=collection%2Ftimestopic%2FArab%20League>. Consulté le 19 mars 2016.
MacFarquhar, N. (12 novembre 2011).« Arab League Votes to Suspend Syria Over Crackdown ».The New York Times. En ligne. <http://www.nytimes.com/2011/11/13/world/middleeast/arab-league-votes-to-suspend-syria-over-its-crackdown-on-protesters.html>. Consulté le 21 mars 2016.Consulté le 22 mars 2016.
Le Monde avec AFP.(29 mars 2015).«Accord de la Ligue arabe pour créer une force militaire conjointe».Le Monde.En ligne. <http://www.lemonde.fr/international/article/2015/03/29/accord-des-chefs-d-etat-de-la-ligue-arabe-pour-creer-une-force-conjointe_4604257_3210.html>. Consulté le 22 mars 2016.
Universalis. « LIGUE ARABE ou LIGUE DES ÉTATS ARABES (L.E.A.) ». In Encyclopædia Universalis. En ligne. Paris: Encyclopædia Universalis S.A.
<http://www.universalis.fr/encyclopedie/ligue-arabe-ligue-des-etats-arabes>. Consulté le 20 mars 2016.
[1] Universalis. « LIGUE ARABE ou LIGUE DES ÉTATS ARABES (L.E.A.) ».
[2]Assouline, G. (2012). « Qu’est-ce que le statut d’État observateur de l’ONU ? ». Le Figaro.
[3] Batty, D. et Shenker, J. (2011). « Syria suspended from Arab League ». The Guardian.
[4]MacFarquhar, N. (2011).« Arab League Votes to Suspend Syria Over Crackdown ».The New York Times.
[5]Ibid.
[6]Ibid.
[7]Gladstone, R. (2013). « Syrian Opposition Joins Meeting of Arab League ». The New York Times.
[8]El-Sheikh, S. (2015). « Arab summit agrees on unified military force for crises ». Reuters.
[9] Ibid.
[10] Ibid.
[11] Ibish, Hussein. (2015). « AUnited Army for the Arab World? ».The New York Times.
[12]Le Monde avec AFP.(2015).«Accord de la Ligue arabe pour créer une force militaire conjointe».Le Monde.