Le projet européen devait consacrer la paix et la prospérité en Europe. Depuis sa fondation en 1957, la communauté européenne n’a pas cessé de s’élargir et de se renforcer jusqu’à faire de l’Europe la première puissance démocratique, commerciale et économique de la planète. La disparition de l’Union soviétique avait fait rayonner l’UE, attirant pratiquement tous les anciens satellites de Moscou vers Bruxelles, jusqu’à l’Ukraine plus récemment.
La suppression des frontières, dans le cadre de l’espace Schengen, avait permis de célébrer une nouvelle citoyenneté trans-européenne et un nouvel essor économique des États membres.
Mais ces succès n’ont pas suffi, car l’Europe s’est fait des ennemis de l’intérieur, plus forts depuis les crises de 2008 et 2012. Malgré les bonnes nouvelles économiques comme les faibles prix du pétrole, les prévisions de croissance demeurent anémiques, et les marchés européens restent trop fragiles. Les « eurosceptiques » l’accusent d’être trop libérale, trop bureaucratique, trop éloignée des citoyens, trop grande pour comprendre les besoins locaux. Ce n’est pas la réalité qui leur donnera tort…
Grexit, Brexit ou Catexit, crise des migrants, montée des populismes, résurgence de partis illibéraux en Pologne, en Hongrie, ou prise de pouvoir de mouvements anticapitalistes ou eurosceptiques (Grèce, Portugal… Espagne). L’Europe est rongée de l’intérieur par un torrent de crises diverses et complexes. Elle est aussi défiée à l’extérieur, toutes ses frontières étant menacées par l’instabilité en Ukraine, en Turquie ou en Méditerranée.
Si l’Union existe encore, qu’en reste-t-il exactement ? Quelles sont ses marges de manœuvre ? Peut-elle survivre à ces « polycrises », et si oui, dans quelle forme ? D’aucuns diraient que l’Europe est déjà morte. Pour sa part, Monde68 a demandé l’avis d’experts en consultant le Centre d’Études et de Recherches Internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM).
Ce dossier spécial traite de la genèse de l’UE, de ces « polycrises » actuelles, pour reprendre l’expression de Jean-Claude Junker président de la commission européenne, et de son avenir.
De l’idéal européen à la réalité précaire de l’Union, que reste-t-il de l’Europe ?
Monde68 s’est posé la question parce que l’International n’est pas une affaire étrangère.
Textes du dossier:
Le projet européen : du rêve au cauchemar? de Frédéric Mérand
L’UE: fonctionnement, avantages et limites de Simon Poirier
L’Europe à la merci de l’ordre/désordre international de Samir Saul
L’émergence de l’Europe des peuples, un espoir démocratique de Marc Sanjaume-Calvet
Union européenne : fonctionnement, avantages et limites de Capucine Berdah
Intégration européenne: une naissance dans les malaises de Daniel Beauregard
Les valeurs illibérales à l’Est menacent-elles l’unité européenne? : La réactivation de la division Est-Ouest en Europe de Magdalena Dembiska
Conclusion – Le futur imaginé de l’UE de Clément Fontan
Textes de Monde68 hors dossier mais liés à l’enjeu:
Voir le texte sur l’Islande et sa relation à l’UE par Sofia Panaccio.
Voir le texte La politique étrangère de l’Union européenne au défi de la crise ukrainienne par Antoine Rayroux du Centre d’excellence sur l’Union européenne.
