En rafale

Et si Donald Trump devenait Président des États-unis ?

Suite à la Convention nationale républicaine, la plupart des sondages placent maintenant Trump en avance dans la course à la Maison-Blanche (48% contre 45% pour Clinton), contrastant largement avec la tendance générale qui assurait une victoire à Clinton le 8 novembre prochain. La rhétorique populiste du candidat, qui exploite notamment les inquiétudes liées à l’économie, à l’immigration ainsi qu’au terrorisme, semblent trouver de plus en plus d’écho dans la population américaine et nous amène à considérer sérieusement la possibilité d’une présidence Trump.

Dans cette éventualité, l’implantation de son programme politique axé sur la primauté des intérêts américains, le protectionnisme, une fiscalité allégée et la sécurité aura des conséquences dramatiques sur l’économie US et mondiale  (ralentissement du commerce, récession, inflation, chômage, dépréciation du dollar) et la stabilité internationale (réémergence de tensions, risque accru de conflit, abandon du rôle modérateur des organisations internationales). Le Financial times prévenait déjà que « pour les banques centrales encore engagées dans les programmes d’assouplissement quantitatif à la poursuite d’un environnement normalisé post-crise, ces facteurs rendraient leur tâche beaucoup plus difficile ».

Programme politique de Trump

Fiscalité Réduction du taux d’imposition tant aux particuliers (réduction de 39,6% à 25% maximum) qu’aux entreprises (réduction de 35% à 15% maximum).
Santé Abrogation de l’Obamacare. Mise en place de comptes d’épargne libres d’impôts dédiés à la santé. Contrôle du prix des médicaments et arrêts de l’aide aux immigrants illégaux.
Immigration Expulsion des 11 millions d’immigrants illégaux. Construction d’un mur avec le Mexique. Réduction drastique de l’immigration et priorité d’emploi aux Américains. Réduction des émissions de visas.
Commerce Augmentation des barrières tarifaires, notamment avec le Mexique et la Chine. Révision de l’ALENA, rejet du TPP et potentiel retrait de l’OMC. Interventionnisme accru. Guerre des devises.
Environnement Retrait de l’Accord de Paris et approbation de Keystone XL. Néglige les changements climatiques et les énergies renouvelables.
Politiques sociales Fervent défendeur du droit au port d’armes. Emphase sur la sécurité domestique (« law and order »). Mise sur la diminution du recours aux programmes sociaux par la création d’emplois.
Politique étrangère Intervention américaine en mer de Chine. Guerre accrue contre le terrorisme. Réengagement militaire, investissements massifs dans la Défense.

Bien qu’une présidence Trump représente de plus en plus une possibilité crédible, le facteur démographique semble jouer à l’avantage de Clinton. Elle jouit d’un support marqué tant chez les femmes que chez les minorités, qui constituent un pourcentage de l’électorat de plus en plus important, tandis que le Midwest, le principal bassin électoral de Trump, voit sa population diminuer d’année en année. Pour gagner la présidence, un des candidats doit obtenir une majorité de grands électeurs (270/538) répartis proportionnellement au poids démographique de chaque État. Pour le moment, Clinton semble jouir d’une avance confortable. Nous considérons toutefois que la menace terroriste, le renforcement des tensions raciales ou le risque d’un ralentissement économique pourrait inverser la tendance et favoriser Trump sur Clinton.

Répartition des grands électeurs selon les derniers sondages nationaux (source: 270 to win)

electoral map

 Facteurs de mitigation ou d’accentuation d’une présidence Trump.

« I like to be unpredictable » : bien que le système politique américain ne favorise pas les grandes réformes, il ne faut pas sous-estimer la volonté et le tempérament imprévisible de Trump, qui pourrait être tenté d’utiliser des méthodes peu orthodoxes afin de faire avancer son agenda (abus du pouvoir de veto et de nomination, prolifération des ordres exécutifs). L’histoire américaine nous rappelle qu’en temps de crise, les présidents ont tendance à sur-utiliser ce genre de pouvoir pour satisfaire la classe moyenne.

veto

Facteurs de mitigation : Dans un scénario moins pessimiste, le recours intensif aux poids et contrepoids du système politique américain dans un Congrès divisé ou mal acquis à la cause de Trump et l’éventuelle érosion du soutien populaire limiterait à la fois l’implémentation de son programme et ses impacts néfastes sur l’économie.

Sommes-nous dans une période d’accélération temporelle ?

De façon plus globale, comment doit-on interpréter la cascade d’événements aussi surprenants que volatiles qui précèdent le fait « Trump » (Brexit, explosion du terrorisme en Occident, poussée de l’extrême droite en Europe, crise des migrants, coup d’État en Turquie…)? Dans le jargon on parle d’une période d’accélération temporelle où la moindre action perturbatrice peut entraîner malgré elle une réaction en chaîne incontrôlable dans un monde déjà passablement agité. (lire l’article de Foreign Policy pour plus de détails)

En 331 avant JC, Alexandre le Grand met fin au vaste et puissant empire Perse en vainquant Darius III à la bataille de Gaugaméles. Quinze ans de régime napoléonien ont mis fin à 1500 ans de régimes monarchiques en Europe. La victoire de l’Angleterre sur la Chine en 1842 a mis au système impérial pluriséculaire et à son dépeçage par les Occidentaux et les Japonais. La crise de 1929 a précipité la chute des démocraties et favorisé l’émergence du fascisme, puis du nazisme alors que quelques mois de l’été 1989 auront suffi à faire chuter le mur de Berlin puis l’URSS.

L’année 2016 est clairement très volatile et l’ensemble des épiphénomènes émergents (comme la multiplication des attentats dans les pays développés) pourraient très bien engendrer la victoire de Trump le 8 novembre prochain et ainsi accélérer inévitablement la course du temps. Son élection, en remettant en cause toutes les fondations du système international coopté par les Américains depuis 1945, signalerait le déclin inévitable de l’économie et de l’hégémonie américaine et engendrerait une fragmentation plus forte de la puissance internationale et un renforcement à long terme de l’instabilité et des conflits.

1 comment

  1. Alain MOCCHETTI

    ET SI DONALD TRUMP SE RAVISAIT SUR LES ACCORDS DE PARIS, QUEL EN SERAIT LE COUT ?
    Nous avons vu récemment que pour respecter les Accords de Paris, les USA devraient procéder à la construction d’environ 400 Réacteurs Nucléaire du type AP1000 sur le sol Américain, ces 400 Réacteurs de 3ème génération viendraient s’ajouter aux 100 Réacteurs de 2ème génération construits ces 5 dernières décennies. L’AP1000 fournit une puissance électrique de 1100 MégaWatts, son coût unitaire serait de l’ordre de 10 milliards de dollars, soit un coût total de 4000 milliards de dollars et ce n’est pas tout. Au coût des Réacteurs AP1000 viendraient s’ajouter le coût du démantèlement et du conditionnement des Centrales Electriques fonctionnant au charbon ou au fioul et la Construction Inévitable de 6 Usines de Recyclage des EC usés du type UP3 800 (AREVA) La Hague ainsi que de ses ateliers annexes (AD2, STE3, SPF X, piscines d’entreposage et de refroidissement des EC). Actuellement aux USA, ce sont 40.000 tonnes d’EC usés qui baignent en piscines réparties sur le tout le territoire des USA, si on divise 40.000 par 800, nous obtenons 50, en effet il faudrait 50 ans à une Usine du type UP3 La Hague pour retraiter les 40.000 tonnes issues des 100 Réacteurs de 2ème Génération ces 50 dernières années. La question est savoir pour quelles raisons Donald Trump le Président des USA a supprimé l’application par les USA des Accords de Paris à la COP21 que son prédécesseur Barack Obama avait acceptés de plein gré. Est-ce les plus de 5000 milliards de dollars que l’Administration TRUMP et des 7 Administrations suivantes doivent sortir de leurs caisses pour réaliser les Accords de Paris durant les 30 ans à venir. Ce ne sont pas les pertes d’emplois dues à la fermeture des Centrales Electriques fonctionnant soit au charbon, soit au fuel, tout le personnel pourrait être facilement reclassé. Le plan est ambitieux et très coûteux, mais l’avenir de notre Planète est en jeu et n’a pas de coût, les Chinois ont compris la nécessité absolue de fermer leurs Usines d’Electricité fonctionnant au charbon, qui fournissent 77% de l’électricité dont la Chine a présentement besoin. Si la Chine a accepté les Accords de la COP21, son voisin Américain doit en faire autant, quel que soit le coût. Donc Monsieur le Président des USA Donald Trump ravisez vous et acceptez les Accords de Paris, au nom de l’humanité toute entière. Merci Monsieur le Président Donald Trump.

    Alain Mocchetti
    Ingénieur en Construction Mécanique & en Automatismes
    Diplômé Bac + 5 Universitaire (1985)
    UFR Sciences de Metz
    alainmocchetti@sfr.fr
    alainmocchetti@gmail.com
    @AlainMocchetti

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