En rafale

RACHEL CARSON: pionnière, scientifique et écologiste.

Note biographique par Capucine HUGUIN, Maïté LIGOT, Caroline PINEL, Michelle ROBB et  Isabelle ROY, étudiantes du programme Sciences, Lettres et Arts au Collège Jean-de-Brébeuf.

Rachel Louise Carson est née à Springdale, un petit village rural de Pennsylvanie, le 27 mai 1907.   Elle est la plus jeune de trois enfants nés de Robert et Maria McClean Carson.  Sa mère l’éveille à sa passion pour la nature.[1]  Cette initiation au respect de l’environnement nous est connue grâce à un journal que tenait Maria McClean Carson, racontant des événements parfois anecdotiques, mais éclairants[2].  À chaque matin, par exemple, au lever du soleil, Maria réveillait sa fille cadette pour aller écouter avec elle le chant des oiseaux.[3] 

Jeune enfant, Rachel fit la découverte, sur le terrain familial, d’un coquillage fossilisé.  Ce dernier  piqua sa curiosité. Rachel se demandait quel animal pouvait bien vivre dans cette coquille.   Plusieurs enfants se rendaient d’ailleurs sur la propriété des Carson afin d’y trouver des fossiles de coquillages.[4] Mais Carson, plutôt introvertie, préférait l’observation solitaire de la nature à la compagnie de ces chercheurs en herbes. Elle souhaitait malgré tout communiquer ce qui l’habitait, et se découvrit  à ce moment  une seconde passion : l’écriture, raconter des histoires.  Elle écrivit d’ailleurs quelques petits récits. Dès  l’âge de 11 ans, Rachel  publia sa première petite histoire intitulée « The Battle in the Clouds » dans un magazine qu’elle avait l’habitude de lire, soit la section pour enfant du St. Nicholas Magazine. Ce court texte lui mérita son premier prix littéraire6.

Dans une société n’avantageant pas les femmes, celle des années 1920 aux États-Unis, Rachel aura un magnifique parcours scolaire.  Seule des enfants Carson à terminer avec succès ses études secondaires,[5]  elle gradue avec une mention honorable et gagne une bourse d’études,  lui permettant de poursuivre son parcours scolaire (1925-1929) au Pennsylvania College for Women (aujourd’hui l’Université de Chatam). Elle souhaitait, au départ,  étudier l’anglais et devenir professeure.[6]  Seules des bourses et les sacrifices de ses parents lui permirent d’étudier.  L’accès à ces collèges était restreint pour les classes les plus modestes et pour les femmes[7].  Le grand tournant, dans sa vie intellectuelle, fut sa rencontre, en 1928, avec la professeure de biologie, Mary Scott Skinker (1891-1948).  C’était une professeure sévère, difficile même, mais Rachel obtint régulièrement d’excellents résultats. On ne peut dire si c’est en raison d’un retour aux intérêts de son enfance ou de l’émulation de la professeure Skinker, mais Rachel décida de faire ses études supérieures en biologie (une majeure en biologie). Une ombre au tableau, Madame Skinker quitta le programme et Rachel perdait une mentore. Néanmoins, elle persista dans ses études en biologie et notamment la biologie marine[8].  En 1929,  Rachel Carson gradue du Pennsylvania College for Women avec un diplôme en biologie marine, rare pour une femme, avec la mention Magna Cum Laude, autrement dit, « avec grande louange ».[9]   On lui octroya une bourse d’études pour la période estivale au Woods Hole Marine Biology Laboratory situé à Woods Hole, au Massachusetts.  S’en suit une série de succès académiques, dont l’obtention d’une bourse d’études pour la maîtrise en zoologie de l’Université John Hopkins.[10] Lors des années de crise économique (1929 à 1936), Rachel devant  payer ses études,  donna des cours d’été à John Hopkins,  enseigna à l’Université du Maryland en plus de travailler dans des laboratoires de biologie marine[11].  On perçoit ici sa ténacité, car il n’était pas simple de faire sa place dans ce milieu scientifique, manquant de financement (crise) et  misogyne.  C’est à ce moment que  Carson entreprend un programme de stage en zoologie avec l’Institut Raymond Pearl pour faire avancer  la recherche en biologie, en santé publique, en hygiène et en génétique[12].  Elle obtint sa maîtrise (avec Mention) en 1932, produisant une thèse intitulée « The Development of the Pronephyros During the Embryonic and Early Larval Life of the Catfish »16.   Débutant le doctorat, elle ne peut le compléter en raison du décès de son père, qui « l’obligea » à prendre en charge sa mère.   Un travail plus régulier devenant nécessaire, Rachel s’inscrivit aux examens du Service Civil Fédéral pour intégrer la fonction publique comme biologiste junior de la vie sauvage et aquatique. 

Elle sera embauchée au U.S. Bureau of Fisheries à Washington, où elle travaillera 15 ans.  C’est seulement la deuxième femme à y être embauchée[13]. À l’origine, on lui demande d’intéresser un plus large public à la biologie marine. Pour ce faire, elle préparera une émission de radio de 52 épisodes intitulée  « La Romance sous les Eaux ».[14]   De plus, Carson écrit des articles de sensibilisation dans des journaux régionaux. Son dur labeur et sa dévotion portent fruit, car le Bureau of Fisheries lui donne une promotion pour devenir une biologiste marine junior à temps plein[15].   Elle s’assure aussi un petit revenu en écrivant des textes sur le plus grand estuaire des États-Unis, la Baie de Chesapeake, dans le The Baltimore Sun. Cet argent tombait à point, l’épreuve frappant  encore la famille de Rachel. Sa sœur Marian meurt, laissant à sa charge ses deux fillettes de 11 et 12 ans. C’est à ce moment qu’elle emménagea à Silver Spring dans le Maryland (1937)[16] [17].    Elle y entame la production d’un article intitulé Undersea, pour le Atlantic Monthly, si populaire qu’il lui ouvrit les portes de la maison d’édition Simon and Schuster, et lui permit de prendre contact avec le grand naturaliste new-yorkais, William Beebe, directeur du département de recherche tropicale à la Société Zoologique de New-York.  Bien sûr, Rachel fit du travail sur le terrain (en mer) mais nous ne retiendrons ici que sa carrière d’auteure scientifique.

Outre ses capacités scientifiques, le talent littéraire de Rachel fut une plus-value pour sa carrière et un bienfait pour la connaissance.  Nous devons retenir ici l’immense succès de 1941,  son livre intitulé Under the Sea-Wind: A Naturalist’s Picture of Ocean Life.   Ce bouquin allait propulser la carrière de scientifique et d’auteure de  Carlson.[18]  C’est la même année (1941) que Rachel devint  Biologiste Aquatique Officielle au département de l’Intérieur des États-Unis[19], un poste qui s’occupe des affaires concernant les terres et les ressources du pays[20]. Elle déménage donc à Washington.  À l’intérieur de cette haute fonction publique, elle parvint encore à améliorer sa condition, travaillant plus près de ses intérêts intellectuels quand, en 1944, elle fut finalement promue au titre de Biologiste Marine, puis au titre de Spécialiste en Information dans la Division de l’Information de l’USFWS (United States Fish and Wildlife Service)[21].  Là, se multiplient les textes de vulgarisation scientifique pour les magazines populaires du temps[22].  Les malheurs ont tendances à obscurcir les moments de joie de Rachel.  Sa mentore et amie, Mary Scott Skinker meurt.[23]  Rien n’arrête Rachel.  Elle poursuit ses explorations, les Everglades en Floride, recherches océanographiques sur le SS Albatros III, toujours accompagnée par son agente littéraire ou des femmes à la fois artistes et scientifiques (ex. : Shirley Briggs, auteure, naturaliste, photographe et éditrice).  C’est pourtant à ce moment (1950) qu’elle est diagnostiquée d’une tumeur mammaire (cancer du sein) et opérée.  Pourtant, elle quittera ses fonctions au U.S. Bureau of Fisheries pour se consacrer à l’écriture. Elle avait déjà produit un manuscrit, The Sea Around Us.  Il fut acheté par l’Université d’Oxford et neuf chapitres de ce livre furent achetés et publiés par The New-Yorker.  Carson atteint des sommets de popularité et de « gloire » en 1952-1953, étant admise à l’Académie Américaine des Arts et des Lettres (AAAL) et voyant l’adaptation cinématographique de son livre The Sea Around Us, recevoir un OscarC’est pour l’AAAL qu’elle publie son The Edge of the Sea.

La vie océanique ne sera pas le seul intérêt de Rachel Carson.  Elle fut préoccupée, au contact de ses nièces, par la petite enfance et surtout l’éveil à la curiosité scientifique des petits, notamment dans le texte « Help Your Child to Wonder », publié dans le Woman’s Home Companion (1956)[24]

Mais on l’a connait aussi et surtout pour sa lutte contre les pesticides et surtout le DDT.  Ce pesticide utilisé dès les années 1930 fut étudié de près par Carson à partir de 1945.  Elle étudia plusieurs années ce pesticide (en plus de son travail d’océanographe) et le résultat de ses études lui fit tirer le signal d’alarme.  Elle avait constaté, par exemple, les conséquences après épandage sur la reproduction des oiseaux. Ce produit amincissait les coquilles des œufs et menaçait la vie des futurs oisillons.  C’est dans ce contexte qu’elle embaucha  Jeanne V. Davis (1958) comme assistante administrative. Jeanne fit la recherche à l’Institut National de Santé.  À ce sujet, Rachel publia en 1962,  Silent Spring.  Elle allait se buter aux lobbys agricoles et au Ministère de l’Agriculture, qui souhaitaient utiliser ce pesticide.  Néanmoins, le président John F. Kennedy s’était dit préoccupé par cette étude.  Elle mène alors un combat contre l’inertie gouvernementale, mais aussi le cancer du sein qui finit malheureusement par l’emporter, en 1964, malgré sa mastectomie de 1960.


[1] E. Blocher & S. Esselborn, “Wild creatures are my friends:” Rachel Carson, Scientist and Writer, https://www.carsoncenter.unimuenchen.de/download/sonstiges/rachel_carson_bio.pdf (page consultée le 11 février 2019)

[2] L. Lear, Rachel Carson: Witness for nature, https://archive.nytimes.com/www.nytimes.com/books/first/l/learcarson.html (page consultée le 12 février 2019)

[3] W. Souder, On a farther shore: The Life and Legacy of Rachel Carson, New York, États-Unis: Crown Publishers, 2012, 512 p.

[4] L. Lear, Rachel Carson: Witness for nature, https://archive.nytimes.com/www.nytimes.com/books/first/l/learcarson.html (page consultée le 12 février 2019) 6 Ibid.

[5] E. Blocher & S. Esselborn, “Wild creatures are my friends:” Rachel Carson, Scientist and Writer, https://www.carsoncenter.unimuenchen.de/download/sonstiges/rachel_carson_bio.pdf (page consultée le 11 février 2019)

[6] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février 2019)

[7] E. Blocher & S. Esselborn, “Wild creatures are my friends:” Rachel Carson, Scientist and Writer,

https://www.carsoncenter.unimuenchen.de/download/sonstiges/rachel_carson_bio.pdf (page consultée le 11 février 2019)

[8] W. Souder, On a farther shore: The Life and Legacy of Rachel Carson, New York, États-Unis: Crown Publishers, 2012, 512 p.

[9] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février 2019)

[10] Ibid. 

[11] The Editors of Encyclopaedia Britannica, « Rachel Carson: American biologist», date inconnue, dans

Encyclopaedia Britannica, https://www.britannica.com/biography/RachelCarson (page consultée le 14 février 2019)

[12] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février 2019)

[13] D. Michals, Rachel Carson, https://www.womenshistory.org/educationresources/biographies/rachelcarson (page consultée le 10 février 2019)

[14] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février 2019)

[15] E. Blocher & S. Esselborn, “Wild creatures are my friends:” Rachel Carson, Scientist and Writer,

https://www.carsoncenter.unimuenchen.de/download/sonstiges/rachel_carson_bio.pdf (page consultée le 11 février 2019)

[16] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février 2019)

[17] Ibid.

[18] E. Blocher & S. Esselborn, “Wild creatures are my friends:” Rachel Carson, Scientist and Writer, https://www.carsoncenter.unimuenchen.de/download/sonstiges/rachel_carson_bio.pdf (page consultée le 11 février 2019)

[19] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février 2019)

[20] OCDE (L’Organisation de coopération et de développement économiques), Gouvernement des États-Unis: liens utiles, http://www.oecd.org/fr/etatsunis/gouvernementdesetatsunisliensutiles.htm (page consultée le 13 février 2019)

[21] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février

[22] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février 2019)

[23] Ibid.

[24] L. Lear, Rachel Carson : Timeline, http://www.rachelcarson.org/TimelineList.aspx (page consultée le 12 février 2019)

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